Al Qaeda aux portes de la Turquie
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International
Dans moins de deux semaines, le Parlement turc doit adopter une
nouvelle motion autorisant un éventuel déploiement militaire turc
au-delà de sa frontière. Il était jusque-là purement humanitaire. Mais
jeudi le chef du gouvernement indiquait qu’il pourrait être
"modifié".
"Menace" : le terme, repris par l’ensemble de la presse turque, montre
qu’elle est cette fois bien réelle. Le raid dans la nuit de mercredi à
jeudi mené par l’Emirat islamique d’Irak et du Levant (EIIL) sur la
petite ville d’Azaz, à 30 kilomètres au nord d’Alep et environ 5
kilomètres de la frontière turque, a résonné comme le tocsin à Ankara.
Le groupe, dirigé par Abou Bakr Omar al Baghdadi qui n’a jamais fait
mystère de son affiliation à la nébuleuse islamiste radicale al Qaeda,
compterait entre 5 000 et 10 000 combattants, pour la plupart des
jihadistes étrangers, et passe pour l’une des factions les plus
puissantes et les plus violentes de la rébellion syrienne.
Hors du giron de l’Armée syrienne libre (ASL), "reconnue" par la communauté internationale, cette faction jusque-là implantée à l’est d’Alep (jusqu’à Raqqa) s’est distinguée ces dernières semaines par des exécutions sommaires dont les vidéos ont été diffusées sur Internet; elle détiendrait la plupart des otages occidentaux actuellement portés disparus en Syrie, selon un diplomate occidental.
Son irruption jusqu’aux portes de la Turquie n’est donc pas considérée comme un phénomène anodin à Ankara, en témoignent les nombreuses réactions suscitées. Le président de la République Abdullah Gül a lui-même expliqué hier avoir "depuis le début alerté la communauté internationale sur le risque, si le conflit persistait, que les groupes radicaux et extrémistes gagnent du terrain à la faveur de la déstabilisation du pays, et que les activités terroristes augmenteraient, devenant une menace pour le pays en question et pour l’ensemble de la région."
C’est la première fois que la Turquie utilise cette terminologie. Comme une prémonition, le conseiller politique du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, Yalçin Akdogan publiait d’ailleurs mardi une tribune précisant que, si le soutien de la Turquie au renversement de Bachar al Assad est connu, cela "ne signifie pas qu’Ankara soutient et fait cause commune avec les groupes armés fondamentalistes" - ce dont elle est accusée par l’opposition kémaliste mais aussi par les Kurdes syriens, qui eux subissent les assauts, dans l’est, du Front al Nusra (autre groupe proche d’al Qaeda).
Sous couvert d’anonymat, un diplomate turc confirme au journal "Zaman" que "tout le monde est préoccupé et suit avec inquiétude l’évolution de la situation. Si l’EIIL poursuit ses attaques pour prendre le contrôle des zones aux mains de l’Armée syrienne libre, Ankara durcira son attitude à leur encontre", affirme le diplomate. Dans les colonnes du quotidien "Hürriyet", un autre haut fonctionnaire qualifie d’"inacceptable" le comportement de "certains groupes vis-à-vis de l’Armée syrienne libre", et les appelle à "rentrer dans les rangs de la rébellion". Cependant, il est sans doute trop tard. Comme les circonstances précises de l’assaut donné à Azaz, le but poursuivi par l’EIIL demeure inconnu. Mais leur progression ne manque pas d’inquiéter, en premier lieu à Ankara, qui voit son corridor d’aide humanitaire et d’assistance logistique à la rébellion menacé. Après environ deux jours de combat, même si un fragile cessez-le-feu semblait conclu vendredi, le poste frontière de Bab-el Salama/Öncüpinar demeure fermé "jusqu’à nouvel ordre".
Dans moins de deux semaines, le Parlement turc doit adopter une nouvelle motion autorisant un éventuel déploiement militaire turc au-delà de sa frontière. Il était jusque-là purement humanitaire. Mais jeudi le chef du gouvernement indiquait qu’il pourrait être "modifié". Au nom des "millions de vies qui sont en danger" en Syrie même, a-t-il précisé. La Coalition de l’opposition syrienne a de son côté fermement condamné le coup de force de l’EIIL, "en complète contradiction avec les principes de la révolution syrienne".
Hors du giron de l’Armée syrienne libre (ASL), "reconnue" par la communauté internationale, cette faction jusque-là implantée à l’est d’Alep (jusqu’à Raqqa) s’est distinguée ces dernières semaines par des exécutions sommaires dont les vidéos ont été diffusées sur Internet; elle détiendrait la plupart des otages occidentaux actuellement portés disparus en Syrie, selon un diplomate occidental.
Son irruption jusqu’aux portes de la Turquie n’est donc pas considérée comme un phénomène anodin à Ankara, en témoignent les nombreuses réactions suscitées. Le président de la République Abdullah Gül a lui-même expliqué hier avoir "depuis le début alerté la communauté internationale sur le risque, si le conflit persistait, que les groupes radicaux et extrémistes gagnent du terrain à la faveur de la déstabilisation du pays, et que les activités terroristes augmenteraient, devenant une menace pour le pays en question et pour l’ensemble de la région."
C’est la première fois que la Turquie utilise cette terminologie. Comme une prémonition, le conseiller politique du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, Yalçin Akdogan publiait d’ailleurs mardi une tribune précisant que, si le soutien de la Turquie au renversement de Bachar al Assad est connu, cela "ne signifie pas qu’Ankara soutient et fait cause commune avec les groupes armés fondamentalistes" - ce dont elle est accusée par l’opposition kémaliste mais aussi par les Kurdes syriens, qui eux subissent les assauts, dans l’est, du Front al Nusra (autre groupe proche d’al Qaeda).
Sous couvert d’anonymat, un diplomate turc confirme au journal "Zaman" que "tout le monde est préoccupé et suit avec inquiétude l’évolution de la situation. Si l’EIIL poursuit ses attaques pour prendre le contrôle des zones aux mains de l’Armée syrienne libre, Ankara durcira son attitude à leur encontre", affirme le diplomate. Dans les colonnes du quotidien "Hürriyet", un autre haut fonctionnaire qualifie d’"inacceptable" le comportement de "certains groupes vis-à-vis de l’Armée syrienne libre", et les appelle à "rentrer dans les rangs de la rébellion". Cependant, il est sans doute trop tard. Comme les circonstances précises de l’assaut donné à Azaz, le but poursuivi par l’EIIL demeure inconnu. Mais leur progression ne manque pas d’inquiéter, en premier lieu à Ankara, qui voit son corridor d’aide humanitaire et d’assistance logistique à la rébellion menacé. Après environ deux jours de combat, même si un fragile cessez-le-feu semblait conclu vendredi, le poste frontière de Bab-el Salama/Öncüpinar demeure fermé "jusqu’à nouvel ordre".
Dans moins de deux semaines, le Parlement turc doit adopter une nouvelle motion autorisant un éventuel déploiement militaire turc au-delà de sa frontière. Il était jusque-là purement humanitaire. Mais jeudi le chef du gouvernement indiquait qu’il pourrait être "modifié". Au nom des "millions de vies qui sont en danger" en Syrie même, a-t-il précisé. La Coalition de l’opposition syrienne a de son côté fermement condamné le coup de force de l’EIIL, "en complète contradiction avec les principes de la révolution syrienne".
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