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Sunday, September 29, 2013

Stéphane Papi: Mohammed Brahmi: un chahid...de gauche



Mohammed Brahmi: un chahid...de gauche

Par Stéphane Papi | le
Alors qu’en France on présente souvent la société tunisienne comme fracturée entre islamistes et laïques, le chahîd Mohammed Brahmi qui « assumait en toute cohérence son identité arabo-musulmane, son élan unioniste et sa pensée de gauche » nous aide à instiller un peu de complexité dans cette vision binaire.

A propos de l'Auteur

Docteur en droit public HDR
Chercheur associé CNRS
Chargé de cours Université Aix-Marseille.

En France, la Gauche a longtemps entretenu des rapports conflictuels avec le fait religieux en général et la religion catholique en particulier. Pour la plus grande partie des militants et des dirigeants du Parti communiste français, la religion était et est encore « l'opium du peuple », négligeant le fait  que si Karl Marx l’a bien définie ainsi dans les deux premières pages de son « Introduction à la critique de la philosophie du droit de Hegel », il l’a également interprétée dans cet ouvrage comme étant « la théorie générale de ce monde, sa logique sous forme populaire, son enthousiasme, sa sanction morale, sa consolation et sa justification universelle », « la détresse religieuse » constituant bien « l’expression de la détresse réelle », mais aussi « la protestation contre la détresse réelle » et « le soupir de la créature opprimée ».1
De même, pour Lénine, « l’unité de la lutte véritablement révolutionnaire de la classe opprimée pour la création d’un paradis sur terre » primait sur « l’unité d’opinion des prolétaires sur le paradis terrestre », ce qui signifie que le combat anticapitaliste devait prendre le pas sur le combat antireligieux.2 Cette idée a également été développée par Rosa Luxemburg pour qui « La guérilla permanente menée contre les prêtres est pour la bourgeoisie française l’un des moyens les plus efficaces de détourner la classe ouvrière des questions sociales et d’étouffer la lutte des classes», la révolutionnaire allemande voyant dans les premiers apôtres du Christ « d’ardents communistes ».3
Ces prises de positions n’ont pourtant pas empêché le développement d’un athéisme d’Etat dans les pays de l’ancien bloc soviétique favorisant un strict contrôle des religions allant parfois jusqu’à la répression,4 les Etats se réclamant encore du socialisme essayant désormais plutôt d’instrumentaliser le phénomène religieux.5 Elles ont aussi assurément influencé la collaboration quelquefois très étroite du Parti Communiste Français avec certaines personnalités catholiques progressistes.6
Pour sa part, la gauche non marxiste a toujours été partagée entre un courant anticlérical et un courant enclin au compromis qui est ressorti vainqueur des affrontements violents précédant l'adoption de la loi de séparation des Eglises et de l'Etat du 9 décembre 1905, le Radical Aristide Briand et le Socialiste Jean Jaurès ayant alors favorisé l’émergence de compromis avec l'Eglise catholique afin d'éviter la guerre civile.7 Encore aujourd'hui, on trouve au sein de cette gauche un courant développant une conception intransigeante de la laïcité, visant à s’opposer ou à très fortement limiter l’expression des convictions religieuses dans la sphère publique et un courant fidèle à cet esprit de compromis,8 voire un courant catholique de gauche, composé de personnalités politiques, comme Jacques Delors et Pascal Lamy qui n’ont jamais caché leur attachement religieux.
Ce rapide survol des rapports entre la gauche et l’Eglise catholique en France est à mettre en parallèle avec la récente actualité tunisienne, marquée par l'assassinat de Mohammed Brahmi,9 faisant suite à celui de Chokri Belaïd,10 deux hommes politiques de gauche, présentés en France comme des « laïques » très virulemment opposés au parti Ennahda et plus largement à la troïka actuellement au pouvoir, constituant, il est utile de la rappeler, une alliance basée sur un compromis entre un parti islamiste issu de la mouvance des Frères Musulmans et deux partis de la gauche sociale-démocrate, le Congrès pour la République (CPR) et le Front Démocratique pour le Travail et les Libertés (Ettakatol).11
Si l’emploi de ce terme a fait débat concernant Chokri Belaïd qui n’était pas connu comme étant particulièrement pieux, Mohammed Brahmi est régulièrement présenté par les journalistes et les politiques tunisiens de tous bords comme un chahîd, c’est-à-dire un martyr, ce qualificatif présentant une forte connotation religieuse.12 Ce qualificatif a également été retenu pour qualifier les soldats récemment tués par des djihadistes dans les monts Cha’mbi, au centre-ouest du pays ; il l’avait également été pour désigner les personnes tombées sous les balles des snipers de Ben Ali lors de la révolution, alors même, qu’elles n’inscrivaient pas leur résistance à la dictature dans une perspective religieuse, mais bien davantage autour de revendications économiques et sociales.
C’était également le cas de Mohammed Brahmi, Député de la circonscription de Sidi Bouzid, berceau de la révolution de fin 2010, début 2011, qui tout en étant un musulman pieux ayant vécu plusieurs années en Arabie Saoudite où il a accompli le pèlerinage aux Lieux Saints de l’Islam, était un dirigeant d’une formation politique appartenant à la gauche unioniste et nationaliste arabe au sein de laquelle il menait un combat pour davantage de justice sociale au service des habitants d’une région particulièrement déshéritée de la Tunisie.
Si ce courant politique n’a jamais fait de l’Islam un élément central de ses revendications, ces dernières portant sur la nécessaire union de tous les peuples arabes, il n’en considère pas moins l’Islam comme un exemple du « génie » arabe, un de ses plus grands théoriciens, le syrien Michel Aflaq, pourtant non musulman,13 érigeant la religion musulmane en élément incontournable de l’identité arabe et faisant du Prophète Mohammed l’illustration la plus éclatante de ce génie.14
Alors qu’en France on présente souvent la société tunisienne comme fracturée entre islamistes et laïques, le chahîd Mohammed Brahmi qui « assumait en toute cohérence son identité arabo-musulmane, son élan unioniste et sa pensée de gauche »15 nous aide à instiller un peu de complexité dans cette vision binaire.
L’Islam apparaît en effet, non pas comme le seul, mais comme un élément central de l’identité tunisienne, célébré comme tel par les pères de l’indépendance.
Ainsi, comme le rappelle Nicolas Dot-Pouillard dans son ouvrage « Tunisie : la révolution et ses passés »,16 Salah Ben Youssef, fondateur en 1934 du parti Néo-Destour, nationaliste arabe et tiers-mondiste lança le 7 octobre 1955 une virulente attaque contre la reconnaissance par Habib Bourguiba des conventions franco-tunisiennes qui prévoyaient la gestion par la France de la sécurité intérieure et extérieure de la Tunisie pendant une période de dix années. Mais il le fit, non pas dans une salle de réunion quelconque, mais dans l’enceinte même de la grande mosquée de la Zitouna, imprimant à son discours une tonalité tout autant nationaliste que religieuse.
Habib Bourguiba prit également toujours soin de présenter ses prises de position parfois très audacieuses, par exemple le fait de ne pas respecter le jeûne du mois de Ramadhan, comme conformes à son interprétation des textes religieux et non pas à leur dépassement.
De manière moins brillante, son successeur sût aussi flatter les sentiments religieux de sa population en prenant des mesures tant symboliques, comme la retransmission de l’adhân (l’appel à la prière) dans les médias publics, que concrètes, en réorganisant l’université de la Zitouna, ou en augmentant les crédits affectés aux mosquées (en 1989, un crédit de 700 000 dinars a été affecté à cette fin).17 Cette politique n’a cependant pas empêché la mise en œuvre par le pouvoir bénaliste d’une répression féroce à l’encontre de ses opposants islamistes.
L’Islam ne constitue donc pas l’apanage du courant islamiste, il irrigue l’ensemble de la société tunisienne.
Le consensus dans la classe politique autour du maintien dans le projet de constitution de la formulation de l’article 1er tel qu’il était rédigé dans l’ancienne constitution de 1959 : « La Tunisie est un Etat libre, indépendant et souverain ; sa religion est l’Islam, sa langue l’arabe et son régime la République » en est l’illustration, même si la formulation ambigüe de cet article en permet différentes interprétations.18
Mais, au-delà de la scène politique tunisienne, le chahîd Mohammed Brahmi nous aide également à instiller un peu de complexité dans les débats franco-français autour des rapports entre religion, progrès et modernité.
Malgré le fait que ses prises de positions dans les grands débats de société, comme l’avortement, le célibat des prêtres et encore très récemment le mariage des personnes de même sexe, soient encore marquées par un grand conservatisme, la religion catholique n’apparaît globalement plus comme une ennemie déclarée du progrès, ne serait-ce que parce qu’elle a beaucoup perdu de son influence et donc de sa capacité de mobilisation dans une société française largement sécularisée, devenue désormais une des moins croyante au monde.19 La religion catholique s’est en quelque sorte « patrimonialisée », devenant chez les personnes qui se déclarent encore croyantes davantage une référence morale qu’un mode de vie basé sur une pratique quotidienne.
C’est désormais l’Islam qui apparaît comme constituant un nouvelle menace aussi bien à droite de l’échiquier politique au nom de la défense d’une identité française supposée en péril face à une religion perçue comme exogène, qu’à gauche, au nom d’une laïcité qui se serait trouvée là un ennemi plus efficace.20
Ce faisant, beaucoup à gauche oublient que partout dans le monde, il est encore des militants épris de justice sociale qui trouvent dans leur foi la principale inspiration et source de motivation de leur engagement.
Mohammed Brahmi en est l’illustration : ce chahîd, nous rappelle aussi qu’en France de nombreux croyants et hommes d’Eglise se sont battus et se battent toujours aux côtés des pauvres et qu’ailleurs dans le monde, notamment en Amérique Latine, ils ont pris les armes face aux dictatures fascistes. Le discours du prêtre colombien Camilo Torres mérite d’être cité : il se déclare révolutionnaire « en tant que chrétien, parce que l’amour envers le prochain est l’essence du christianisme et que ce n’est que par la révolution que l’on peut obtenir le bien être de la majorité des gens ; en tant que prêtre, parce que la révolution exige un sacrifice complet de soi en faveur du prochain », Torres voyant dans la messe « l’offrande de tout un peuple par l’intermédiaire du Christ».21
L’action militante du chahîd Mohammed Brahmi rappelle plus directement à ses compatriotes tunisiens, islamistes ou pas, mais également aux Français musulmans ou pas, la dimension sociale du « message » islamique, exprimé avec emphase et très forte conviction par … le communiste libanais Ra’if Khoury : « Est-ce que vous vous souvenez, toutes les fois où vous entendez l’écho de ce pur appel qu’Allahou Akbâr signifie, en langue claire : Que soient châtiés les usuriers avides ! Que soient confisqués les biens des accapareurs voleurs ! Que ceux qui armassent des bénéfices payant des impôts sur ces bénéfices ! Qu’on sauvegarde le pain du peuple ! Que soit ouvert à la femme le chemin de l’éducation et du progrès ! Que soit détruite toute la vermine porteuse d’ignorance et de division qui grignote la communauté ! Qu’on cherche la science, fût-elle en Chine ! (…) Que se lèvent les étoiles de la liberté, de la libre consultation et de la vraie démocratie ! ».22
La pensée d’Ali Shariati, sociologue et historien iranien, traducteur de Frantz Fanon en Persan, membre du mouvement « Les adorateurs socialistes de Dieu » mérite également d’être citée car elle est marquée par une tentative de synthèse entre Islam et socialisme et plus largement entre croyants et révolutionnaires, l’homme socialiste étant pour lui « … avant tout un homme divin : il est une essence pure et élevée, un homme qui a atteint le degré de l’altruisme, qui a une orientation idéologique conforme à sa vision d’ensemble de la vie ».23 Assassiné en 1977 en Angleterre, la police politique du Chah, la Savak, étant fortement soupçonnée d’avoir commandité ce meurtre, Shariati n’aura pu imprimer la révolution iranienne et plus largement le monde arabo musulman et occidental de ses idées.
L’exemple du chahîd Mohammed Brahmi nous permet de constater qu’elles sont toujours d’actualité et qu’il faut plus que jamais veiller à ne pas dresser de murailles supposées infranchissables entre, comme disait Aragon dans « La rose et le réséda » , « celui qui croyait au ciel », fusse-t-il musulman « et celui qui n’y croyait pas ».

1 Cité par Pierre Tevanian « La haine de la religion. Comment l’athéisme est devenu l’opium du peuple de gauche », La Découverte, 2013, p.21
2 « Socialisme et religion », Novaïa Jizn, n°28, 3 décembre 1905, cité par Pierre Tevanian « La haine de la religion. Comment l’athéisme est devenu l’opium du peuple de gauche », op. cité, p.92.
3 Rosa Luxemburg, Jean Jaurès « Eglise et socialisme », Cahiers Spartacus, n°169, Eds. Spartacus, 2006, cité par Pierre Tevanian « La haine de la religion. Comment l’athéisme est devenu l’opium du peuple de gauche », op. cité, p. 96.
4 Sur les fluctuations de l’attitude du pouvoir vis-à-vis des religions dans les pays communistes d’Europe centrale et notamment la Pologne, consulter les différents articles de Patrick Michel, par exemple « Religion et socialisme réel, l’analyse du sociologue », Archives de Sciences Sociales des Religions, 1988, 65/1 janvier-mars) 25-45. Sur les relations entre pouvoir et islam en Union soviétique et plus particulièrement en Azerbaïdjan consulter l’article de Bayram Balci «Le renouveau islamique en Azerbaïdjan entre dynamiques internes et influences extérieures » Les Études du C E R I, n° 138 - octobre 2007.
5 C’est le cas en Chine, notamment à travers l’attitude du pouvoir par rapport au confucianisme : Sur ce point consulter Alex Payette  « Le renouveau religieux du confucianisme en Chine : une revue des débats académiques récents », Monde chinois, nouvelle Asie, n° 29, printemps 2012. Plus globalement sur les religions en Chine, consulter : Benoît Vermander « Réveil religieux et sortie de la religion en Chine contemporaine », Perspectives chinoises, n°2009-4.
6 Comme par exemple André Mandouze, également engagé auprès du F.L.N pendant la guerre d’Algérie (Consulter son article « Prendre la main tendue », dans l’ouvrage collectif « Les Chrétiens et la Politique », Éditions du Temps présent, 1948) ou bien le Père Maurice Montuclard (« L’Église et le mouvement ouvrier », dans « Les Événements et la Foi », douzième et dernier cahier du groupe Jeunesse de l’Église, Le Seuil, 1951) et le Père Henri-Charles Desroches (« Signification du marxisme », Éditions ouvrières, 1949). Sur ce point, consulter l’ouvrage de Denis Pelletier et Jean-Louis Schlegel, « À la gauche du Christ. Les Chrétiens de gauche de 1945 à nos jours », Le Seuil, 2012.
7 Alors que Maurice Allard, Député du Var, proche d’Emile Combes déclarait à la tribune de l’Assemblée Nationale lors des débats précédant l’adoption de la loi du 9 décembre 1905 : « Nous, libres penseurs, quelle est la séparation que nous voulons ? Ce ne peut être que celle qui amènera la diminution de la malfaisance de l’Eglise et des religions. », (Cf. JO du 10 avril 1905) Aristide Briand nouveau président du Conseil et rapporteur de la loi souhaita au contraire faire de ce texte « non pas une œuvre de passion, de représailles, de haine, mais de raison, de justice et de prudence combinée (…) on y chercherait vainement la moindre trace d’une arrière-pensée de persécution contre la religion catholique ». (Cf. Cité par Gresh A., « L’islam, la République et le monde », Fayard, 2004, p. 194).
8 Ces clivages sont nettement apparus à gauche (mais également à droite) lors de l’adoption de la loi n°2004-228 du 15 mars 2004 encadrant, en application du principe de laïcité, le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics, mais surtout à l’occasion du vote de la loi n°2010-1192 du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public.
9 Député de l’Assemblée Nationale Constituante et Membre du Mouvement du Peuple, un parti de gauche nassériste jusqu’au 7 juillet 2013, date à laquelle il fonde le Courant Populaire. Il a été assassiné par balles le 25 juillet 2013 devant son domicile à l’Ariana dans la banlieue nord de Tunis.
10 Avocat, Secrétaire Général et Porte parole du Mouvement des Patriotes Démocrates (MOUPAD), parti marxiste et panarabe membre de la coalition du Front Populaire, assassiné par balles le 6 février 2013 dans le quartier d’El Menzah à Tunis.
11 Sur les raisons de cette alliance, voir l’ouvrage de Moncef Marzouki, actuel Président de la République tunisienne, « L’invention d’une démocratie, les leçons de l’expérience tunisienne », La Découverte, 2013, p. 10 et 11.
12 Ali G. Dizboni «Le concept de martyre en islam », Théologiques 13/2 (2005) p. 69-82.
13 Cofondateur en 1943 du parti de la renaissance arabe, le b’ath, Michel Aflaq est né en 1910 à Damas dans une famille grecque orthodoxe.
14 «Chaque Arabe peut désormais vivre la vie du Prophète arabe, même si, comparé à lui, il n'est qu'une pierre par rapport à la montagne, ou une goutte d'eau par rapport à la mer. Bien entendu, aucun homme, aussi grand soit-il, ne saurait accomplir ce qu'accomplit Mouhammad. Mais il est vrai que tout homme, aussi faible soit-il, aussi faibles que soient ses capacités, pourrait devenir un Mouhammad en réduction, dès lors qu'il appartient à la nation qui concentra tous ses efforts pour produire Mouhammad, ou plutôt que Mouhammad réussit par ses efforts à créer » («A la mémoire du Prophète arabe - Avril 1943) ; «Le  Baas est un mouvement nationaliste qui s'adresse à tous les Arabes, de toutes les religions et de toutes les sectes, sanctifie la liberté de croyance et considère avec un égal respect et une estime égale toutes les religions. Mais il reconnaît à l'Islam un aspect nationaliste qui a joué un rôle essentiel dans la formation de la nation arabe et de son histoire. Le Baas estime que cet aspect est intimement lié à l'héritage spirituel des Arabes et au caractère spécifique de leur génie. » («Les Arabes entre leur passé et leur avenir - 1950»).
15 Taoufik Habaieb « Mohammed Brahmi « La voix libre assassinée », Leaders, n°27, Août 2013, p.18 et 19.
16 L’Harmattan, 2013, p. 21
17 Stéphane Papi « L’influence juridique islamique au Maghreb (Algérie-Libye-Maroc-Mauritanie-Tunisie) » L’Harmattan, 2009.
18 En effet, cet article peut être interprété comme un simple constat sociologique de la prééminence de l’Islam au sein de population tunisienne, soit comme signifiant que l’Islam constitue la religion officielle de l’Etat tunisien. L’ajout dans le dernier projet de constitution d’un article 141 en vertu duquel aucune révision constitutionnelle ne pourra porter atteinte à l’Islam en tant que religion de l’Etat accrédite cette dernière interprétation. Sur ce consensus, consulter Sami Bostanji « La guerre de l’article 1er n’aura pas lieu », Observatoire de la transition démocratique, 3 octobre 2011. http://observatoiretunisien.org/upload/file/Bostanji.pdf.
19 Dans une étude sur l’importance de la religion dans 143 pays menée par l’Institut Gallup de 2006 à 2008, la France se place au 9e rang des pays les moins croyants, seul un français sur quatre estimant que la religion tient une place importance dans sa vie quotidienne.
20 Selon l’enquête « TéO (Trajectoires et origines, enquête sur la diversité des populations en France », réalisée entre septembre 2008 et février 2009, 93% des personnes ayant grandi dans une famille sans religion se déclarent athées. 25% de celles ayant grandi dans une famille catholique sont dans ce cas, ce pourcentage tombant à 12% chez les descendants de 2 parents immigrés musulmans. De même, alors que parmi les personnes âgées de 18 à 50 ans ayant déclaré une religion, 25% des catholiques disent développer avec elle un rapport distant, 67% un rapport modéré et 9% une forte religiosité, ces pourcentages sont respectivement de 16%, 54% et 29% chez les musulmans.
21 « Ecrits et paroles », Le Seuil, 1981.
22 Cité par Maxime Rodinson dans « Marxisme et monde musulman », Le Seuil, 1972. 
23 Ali Shariati « Construire la pensée révolutionnaire » Eds Al Bouraq, 2010.

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